Une bonne présentation ou un bon texte « déroule » des informations de façon cohérente selon un fil conducteur choisi par son auteur et servant son propos. Qu’en est-il d’une visualisation faite par un facilitateur graphique ?
Comme promis dans l’article décrivant mon intervention pour EDF R&D lors de la Journée de l’innovation du Printemps de la Recherche, je vous propose une réflexion sur la structure de l’information. Vos réactions et remarques sont les bienvenues, n’hésitez pas à poster un commentaire.
Le travail réalisé pour EDF est un très bon exemple pour aborder la question de la structuration de l’information puisque sur la même intervention, j’ai accompagné trois structures d’informations différentes (lire l’article).
Un facilitateur graphique traite de l’information. Il est donc légitime de se poser les questions suivantes : lors d’une intervention en facilitation graphique, comment l’information est-elle structurée lorsque je la reçoit ? Quelle structure je donne à voir par ma capture?
Ces questions, essentielles à se poser en tant que praticien, doivent s’accompagner de celles-ci : à qui je m’adresse (pour qui je capture) et quel est l’objectif de cette capture?
Nous aborderons ces dernières questions une autre fois.
Pour répondre aux deux premières, il faut distinguer différents contextes d’intervention :
1- la capture des messages clés d’une présentation (de type introduction à un séminaire, exposé d’expert…) ;
2- la visualisation d’un texte ou d’un rapport ;
3- la capture d’un débat, d’une discussion ouverte sur un sujet.
En considérant uniquement la structuration de l’information, je rapprocherai la structure d’une présentation à celle d’un texte ou d’un rapport (1 et 2). En effet, une présentation (ou un texte) propose, si elle est bien faite, une structuration de l’information qui est construite et réfléchie pour permettre à l’audience de suivre une logique de pensée. C’est donc une structuration dont la linéarité est augmentée par un apport chronologique d’information imposé par le média utilisé : la parole ou les mots. Je qualifierai cette structure d’unidimensionnelle.
Dans un texte, cette linéarité peut être dissimulée derrière des artifices tels que titres, paragraphes, chapitres, éléments en gras… qui sont autant de points d’encrage et d’insertion par lesquels le lecteur peut entrer dans la structure linéaire du texte. Ces artifices n’existent pas dans une présentation orale mais on peut tout de même y déceler des éléments semblables tels que des mots de structuration (ex : par ailleurs, en outre, donc, par exemple…).
Lors d’une capture en temps réel, il est « plus simple » de suivre la structure de la présentation pour concevoir la visualisation. La forme plutôt linéaire de cette structure impose une vigilance extrême pour ne pas perdre un élément important qui « romprait » la chaîne d’information.
Voici un exemple simple d’une structure chronologique de l’information imposée par une forme linéaire (orale ou écrite)..
… et la retranscription visuelle des mêmes informations.
Au cours d’une présentation, il peut arriver qu’un même sujet (X) soit abordé à plusieurs reprises. Suivant l’objectif de son intervention, le facilitateur graphique peut créer des liens et proposer à l’audience d’autres dimensions pour lire le contenu de la présentation.
À l’inverse, une discussion ouverte, une table ronde ou un débat ne présentent pas ce niveau « évident » de structure linéaire. Elle est plus souvent de type répétitive. Elle fait des boucles sur elle même: les mêmes sujets sont abordés à différents moments par des personnes ou des angles différents. La structure émerge en temps réel, au fur et à mesure des échanges et c’est au facilitateur graphique de la rendre visible, lisible et intelligible pour l’audience. Il est donc nécessaire, pour faciliter l’audience, de sortir de la chronologie de l’information (structure linéaire) et de donner à voir une structure thématique en faisant figurer les liens qui existent entre les thèmes. L’information reste la même mais la structure de « lecture » change. Chaque observateur a le choix de lire l’information dans la chronologie qui lui convient. Je qualifierai ce type de structure de multidimensionnelle.
Voici un exemple simple d’une structure chronologique de l’information imposée par une forme non linéaire (discussion, débat, table ronde, négociation…)…
… et la transcription visuelle des mêmes informations.
Cette première transcription est très organique et correspond souvent au type de visualisation faites en temps réel. En effet, les contraintes du temps réel limite les possibilités d’itération du visuel et la capacité à organiser l’information de façon optimale. En fonction de son degré d’expérience et de la façon dont émergent les informations, le praticien de la facilitation graphique peut parvenir à une visualisation plus stricte et ordonnée mettant en avant les liens et influences qui existent entre les sujets.
Ce type de visualisation ordonnée est ce qui doit être attendu d’une modélisation, d’une cartographie de système ou de toutes visualisations dont l’ensemble des données sont connues au moment de l’intervention du facilitateur graphique (cas de prestation 2 décrit en début de post).
Comme le facilitateur, le facilitateur graphique doit bien souvent se concentrer sur la structure des informations plus que sur leur contenu propre pour identifier les trames présentent et/ou manquantes et faciliter l’audience en les révélant.
Bravo Nico, très stimulant comme article.
En ce qui me concerne, je divergerais quant à l’importance du contenu. Pour moi, le contenu structure, tout simplement, et l’avantage de la facilitation graphique c’est la possibilité de sortir d’une simple modélisation pour intégrer différentes niveaux de globalisation/détail et récolter les synthèses émergeant du groupe.
Pour une capture de présentation, je dirai qu’il y a plusieurs approches, mais encore une fois la structure est subordonnée au contenu et au sens.
En gros, pour moi, nous sommes à l’écoute de la fameuse « boite noire »!
Bonjour Roberta et merci pour ton commentaire.
Nous sommes effectivement d’accord sur l’importance et l’influence qu’a l’information sur la structure que l’on (l’auteur, le présentateur ou le facilitateur graphique…) créé pour la délivrer.
Donc, peut importe qui traite cette information, il doit être conscient de l’influence qu’a le média par lequel il reçoit l’information, l’influence du média par lequel il restitue l’information et le choix de celui-là en fonction de son objectif.